Rencontre avec Lionel Ruffel, universitaire, auteur et éditeur pour le lancement de son dernier livre Trompe-la-mort, éditions Verdier, avec Sylvano Santini (UQAM) et Jean-Simon DesRochers (UdeM) dans le cadre de la manifestation “The Publishing Sphere 2019”. Où il sera question de la condition narrative de l’humanité, d’une ancienne imprimerie qui se transforme en grotte puis en musée, du de la situation universitaire, d’un atelier de création littéraire, de corps qui se rassemblent et de la matière narrative et fictionnelle qui circule au-delà des supports .
Quatrième de couverture:
Imaginez la fin du monde, qui est, comme chacun sait, beaucoup plus simple à concevoir que la fin du capitalisme. Imaginez l’extinction de notre espèce et que vous vouliez préserver et transmettre la mémoire de cette constellation de pratiques, de formes, d’usages et d’objets que nous avons finipar appeler littérature.
Telles étaient les règles du jeu que nous pratiquions, mes étudiants et moi, ces dernières années. Avec eux, je souhaitais travailler le cœur de notre condition narrative. Il fallait retrouver des gestes qui résonnent avec notre situation et réinventent le monde en le peuplant de récits. Trois d’entre eux nous ont retenus : celui de Shéhérazade et des Mille et Une Nuits, celui de l’affaire dite de Tarnac et de L’Insurrection qui vient, enfin celui du Décaméron.
Puis le lieu où nous avions trouvé refuge pour résister à la décomposition de l’institution universitaire a fermé ses portes. Ne restent sur les murs que des images et les paroles que les occupants y ont tressées. Cet espace devient alors un musée où nous revisitons, comme dans un rêve, les trois ou quatre mille ans à peine durant lesquels les humains n’auront joué qu’à cela : tromper la mort en se racontant des histoires.
Lionel Ruffel enseigne la littérature à l’Université Paris-VIII. Trompe-la-mort est son troisième livre paru chez Verdier.